Un peu d'histoire
La première mention connue de Muespach-le-Haut remonte au 12e siècle. Le nom a changé d'orthographe à maintes reprises au cours du dernier millénaire :
- en 1102 : MUOSPACH
- en 1218 : MUOZBACH
- en 1262 : MUOSPACH
- en 1271 : MOSBACH Superior
- en 1280 : Superiori MUOSPACH
- en 1286 : Obern MUOSPACH
- en 1295 : MUOSPACH Superioris
Le village tient son nom du ruisseau qui l'arrose. D'après la légende, une jeune paysanne, portant sur la tête un pot rempli d'une soupe aux pois destinée à son homme qui travaillait dans les champs, glissa sur une pierre en voulant traverser à gué le ruisseau.
Le pot se renversa et son contenu se répandit dans l'eau. Sa mésaventure fit très rapidement le tour des chaumières et c'est ainsi que le petit cours d'eau se trouva baptisé "Mues-bach !", le ruisseau qui charriait ses pois.
Muespach pourrait cependant tout aussi bien être une déformation de Moosbach, qui signifierait la "rivière aux mousses".
Au moyen-âge, Muespach-le-Haut relevait, sur le plan administratif et religieux, de la mairie et de la paroisse de Muespach-le-Bas, dans le comté de Ferrette.
En 1102, Muosbach est mentionné dans le récit de la fondation du couvent Saint Alban à Bâle. Il n'est pas précisé de quel Muespach il s'agit, cependant un document de 1280 apporte quelques précisions : l'abbé Yvon de Cluny ordonne au prieur de Saint Alban de réserver certains revenus, notamment à Superior Muospach, pour l'entretien des indigents et des malades.
En 1251, l'évêque de Bâle et son chapitre procèdent à un échange de biens situés à Muespach-le-Haut.
En 1271, Rodolphe de Muespach, citoyen de Bâle, lègue à son fils Jean dit l'aîné la moitié d'une tenure (un domaine) située à Mosbach Superior.
En 1286, une rente sur des biens situés "in banno ville de obern Muospach" est donnée par Rodolphe Heberinmelwer à sa femme Hedwig au couvent de Klingenthal à Bâle.
En 1295, se disposant à effectuer un voyage à Rome, Rodolphe Mueye donne à l'église Saint Léonard de Bâle six quartauts d'épeautre et cinq sols, revenus provenant d'un pré situé "in banno ville Muospach Superioris". Les nobles de Glières -Montjoie y détenaient également des fiefs, de même que dans les autres Muespach.
En 1592, d'après l'urbaire1 de Ferrette, Muespach-le-Haut compte 34 feux. Le village en comptera 62 en 1763.
Sous l'ancien régime et jusqu'au début du XIXe siècle, les trois Muespach forment une seule et même paroisse. L'église se situe à mi-chemin entre Muespach-le-Haut et Muespach-le-Bas. La dédicace à Saint-Georges d'une première chapelle située à Muespach-le-Haut est cependant attestée depuis 1585.
Au début du XIXe siècle, l'église de Moyen-Muespach est dans un état tel que sa reconstruction devient une nécessité impérieuse. Les trois conseils municipaux ne pouvant se mettre d'accord quant aux modalités de cette reconstruction, l'abbé Blaise-Georges Holstein de Muespach-le-Haut propose à ses ouailles de constituer une paroisse indépendante. L'église de Muespach-le-Haut est alors construite en lieu et place de la chapelle et les premiers sacrements et sépultures y sont célébrés dès 1808. La date (1863) gravée sur le linteau de la porte ouest est celle des travaux d'agrandissement de la nef et de la construction du clocher.
La dalle funéraire de l'abbé Holstein est toujours visible dans l'église. Natif de Bettlach, ordonné en 1773, il est vicaire à Ligsdorf et à Bettlach où il est nommé curé en 1792. A son retour d'émigration (lors de la Terreur), il administre Ligsdorf et Muespach-le-Haut. Il devient curé de Muespach-le-Haut en 1817. Il y décède en 1827.
Entre 1930 et 1936, le village compte un nombre élevé de chômeurs (agriculteurs en surnombre sur de petites exploitations). Les travaux de construction d'un certain nombre d'ouvrages sur la ligne Maginot, à partir de 1936, permettront de résorber le chômage dans une certaine mesure.
Ces travaux de la ligne Maginot furent particulièrement importants autour de Muespach-le-Haut. La principale ligne s'étirait du nord au sud, avec deux blockhaus à l'entrée du village, un au calvaire du "radar" et un quatrième plus au sud après le lieu-dit Wolfacker.
Quatre autres, baptisés Willerbach, Tiefenbach nord, Tiefenbach sud et Breintenhag se trouvaient sur la crête du Willerberg d'où ils devaient protéger les positions d'artillerie installées sur les pentes sud de la hauteur, à l'est du Willerhof ainsi que celles qui se trouvaient à la lisière du Forstfeld, à la limite des bans de Linsdorf et Fislis.
Ce dispositif, le plus puissant du Sundgau, devait contrôler le coin frontalier.
En septembre 1939, la population est évacuée dans les Landes. Les habitants de Muespach-le-Haut seront accueillis à Benquet, au sud de Mont-de-Marsan, où ils séjourneront jusqu'à leur retour un an plus tard, en septembre 1940.
L'Alsace ayant été annexée au Reich suite à la capitulation de la France, les jeunes gens sont appelés à servir dans l'armée allemande. Une quinzaine d'entre eux échapperont à cette incorporation de force en se réfugiant en Suisse ; leurs familles seront déportées en Allemagne en guise de représailles.
D'autres occupations, à proximité du village
Dans son dictionnaire topographique (1876), Stoffel signale des restes de fondations à environ 500 m à l'est du village, près des lieux-dits Laengersbrunnen et Lendelinsbaum. Plusieurs toponymes - Rote Meer, im Rot Haegele - se localisant dans ce secteur confirment la thèse de l'habitat disparu, le terme "rot" rappelant la terre rubéfiée par le feu, un habitat détruit par un incendie.
Cette localité, qui se serait appelée Terrwiller, est mentionnée à plusieurs reprises : Terwilr en 1364, Terwiller under den Linden en 1446 et Denwiller en 1575.
La tradition attribue la fondation de ce village à un valet et une servante venus cacher ici leurs amours.
Le Kalbhag, au bout du Wendelinsweg, vers le Willerhof, indiquerait, d'après R. Specklin, l'emplacement d'un habitat disparu. Plusieurs éléments plaident en faveur de cette thèse. Le versant boisé entourant le Kalbhag et dominant le Willerbach est appelé Willerberg. Le cadastre le désigne sous le nom de Welschenberg (am Kuhnen Welschenberg). Les noms de ce type désignent généralement des vignobles et des établissements ecclésiastiques du début du VIIe siècle (Welschen - moines welsches).
Bibliographie
Historique rédigé par M. Martin Michel (?) pour le bulletin communal de (date ?)
Le patrimoine des communes du Haut-Rhin - Editions Flohic
Robert Specklin "Muespach-le-Haut, un haut lieu chargé de mystère et d'histoire". In L'Alsace ed. Altkirch des 19 et 25 mai 1968
JP Riether - Site internet de la commune de Muespach - Historique religieux
1 L'urbaire est un document qui décrit tous les héritages et biens féodaux d'un seigneur ainsi que tous les droits perçus sur ses vassaux.
En image
Diaporama créé par Michel MARTIN, ancien instituteur du village